12h30 : tout le monde mange. Même moi, mais il faut voir comment. Note pour dans vingt minutes : me regarder dans la glace, histoire de ne pas sortir avec de la sauce tomate sur le visage, au cas où je croiserais un client potentiel dans la rue. Parce que oui, je suis en train de monter mon entreprise, j’ai une image (décente, si possible) à dégager.
Revenons-en à mes moutons qui bêlent. Il est temps de passer aux choses hygiéniques pour eux : le brossage des dents de Léa et le nettoyage des fesses de Noa. Avez-vous déjà essayé d’interrompre deux p’tits loups surexcités en pleine phase pipi-caca ? Autant demander à une vache de produire des bouses carrées.
12h46 : changement de la couche de Noa. Restent les dents de Léa. C’est facile, elle aime bien son dentifrice au goût fraise. Elle adore aussi cracher le plus loin possible (j’imagine qu’elle marque des points dans sa tête dès qu’elle atteint un coin stratégique du lavabo). C’est rigolo, le brossage des dents avec Léa. (Et un tee-shirt à changer, un).
13h : passage aux toilettes pour l’aînée, et c’est reparti pour « pet pet show » en cadence ; forcément, c’est l’endroit. Il me faudra quinze minutes et des chansons enfantines pour lui sortir ce bruit de la tête.
13h15 : retour à l’école. Je suis audacieuse, je prends la poussette, car il fait beau. (Et puis ras-le-bol des sièges autos). Sauf que ce n’est pas si simple. La navigation en poussette-mobile mériterait un permis. Pourquoi y a-t-il toujours des voitures mal garées sur les trottoirs ? Impossible de passer avec mon engin. Pourtant, quand on regarde Batman évoluer dans les embouteillages de Gotham City à bord de sa Batmobile, on a l’impression qu’il gère, non ? Croyez-moi, la poussette-mobile, c’est largement moins maniable, et cela ne fait pas de miracle. Trous, bosses, descentes / remontées de trottoirs, sans compter que l’engin déjà lourd vide pèse maintenant un âne mort. Mes muscles sont fatigués, je souffle comme un phoque et m’interdis de penser à ce qui pourrait se passer si je croisais un futur client potentiel…
13h30 : tout est bien qui finit bien. Léa a rejoint sa classe. Je prie pour que le « pet pet show » de ce midi soit bel et bien fini.
14h : de retour à la maison, Noa est à plat.
14h03 : il dort. Et là, je sais que j’ai le droit de souffler ! Enfin ! Ordinateur ! Vite, se renseigner pour la création d’entreprise ! Glaner des informations à droite, à gauche ; commencer à me constituer mon réseau.
15h30 : Noa se réveille. Pas grave, je suis toute requinquée ! J’ai obtenu mes premières informations, je suis impatiente…
15h45 : moment de calme appréciable. Noa goûte.
16h10 : poussette or not poussette ? That is the question. Allez, poussette. Je suis d’humeur sportive.
16h30 : arrivée à l’école, toujours à l’heure. Regard inquiet vers la maîtresse. Je me demande si Léa lui a rejoué le « pet pet show » et, le cas échéant, ce qu’elle va en penser. « Pourvu qu’elle ne m’appelle pas. Pourvu qu’elle ne m’appelle pas ». Au cas où, je prépare mon argumentaire : « Oui, elle est dans la phase typique du pipi-caca. Son père et moi nous attachons particulièrement à lui expliquer en quoi c’est puéril et régressif d’employer de tels mots et onomatopées, mais elle persiste dans sa logique délirante. » (Pas très crédible, non ?) Heureusement, la maîtresse ne dit pas un mot à ce sujet.
17h : mission accomplie. Deux estomacs (trois d’ailleurs, avec le mien) satisfaits. Léa fait un puzzle, et Noa babille dans son transat.
Vis ma vie de maman, quoi…
18h : mon mari rentre. « Chérie, tu ne peux pas savoir la chance que tu as de rester glander à la maison. On mange quoi ce soir ? » (en tentant de me toucher la poitrine au passage, histoire d’avoir le beurre, l’argent du beurre et la crémière).
Et après on s’étonne que le taux de divorce ait explosé.
Bon, j’ai un peu (beaucoup) caricaturé, mais je sais que certains maris sont comme ça. Pas le mien. J’ai du bol. Et vous ?