La chapoteuse du petit paradis lutte contre le cancer, à sa manière

En ce mois d’Octobre, le mot “cancer” est sur toutes les lèvres. Il circule des chaînes dans tous les sens, nous demandant de partager un statut de couleur ou de fruit…

Plutôt que de sensibiliser les gens en faisant passer des messages sans substance, pourquoi ne pas valoriser les personnes qui essaient d’apporter de la couleur, là où il n’y en a pas ?

Drôle de Plume reçoit aujourd’hui Tifenn, qui combat le cancer à sa manière. Une initiative vraiment pertinente.

Bonjour Tifenn et merci de bien vouloir répondre à mes questions. À vrai dire, je trouve votre travail excellent et j’espère qu’il franchira les lignes Internet pour avoir la visibilité qu’il mérite.

Avant toute autre chose, pouvez-vous présenter ?

Je m’appelle Tifenn Ruiz Kern, j’ai 36 ans et 2 enfants.            

Enfant, je passais des heures dans l’atelier de mon grand-père qui était artiste peintre. J’ai donc toujours dessiné, peint, sculpté, broda… Finalement, c’est dans la création textile que j’ai trouvé mon épanouissement. C’est suite à mon congé parental que je me suis lancée dans la création de chapeaux. Je voulais concilier travail et vie de famille. La création me permet de travailler à mon rythme (ou plutôt à celui des enfants), à mon domicile. 

Et présenter votre petite boutique, qui lutte contre le cancer, à sa manière ?

En septembre 2011,  j’ai crée ma petite entreprise (je suis auto-entrepreneur) de création de chapeaux pour les  femmes qui souffrent d’alopécie (perte de cheveux) le plus souvent lors d’un traitement par chimiothérapie.

Je crée des pièces uniques. Pour moi, l’aspect créatif est très important. J’ai besoin de l’aspect « exclusif » de chaque chapeau. 

Je calcule mes tarifs au plus juste prix. La maladie a de multiples conséquences, également financières, je souhaite donc que mes créations  soient accessibles au plus grand nombre.

Je crée mes propres modèles : Je réfléchis aux formes, aux matières, aux volumes afin de proposer des chapeaux qui répondent aux besoins particuliers de ces femmes.

Mon but : proposer  des chapeaux agréables à porter, confortables, mais aussi jolis et originaux… Des chapeaux que l’on ne trouve pas chez les autres, pour rester coquette !

Pourquoi avoir choisi ce nom, qui sonne original et gai dans un contexte plutôt triste au final ?

Je suis autodidacte : ni couturière, ni modiste, ni artiste, il me fallait un nom pas trop  sérieux…

 La chapoteuse est née : chapô c’est rigolo et -euse parce que je suis une dame! Et le p’tit paradis? Et bien parce que j’y vis, au p’tit paradis!

Ce nom apporte par lui-même un peu gaieté, or, mon but, c’est de faire naître un sourire sur le visage de mes clientes.

Comment vous est venue cette idée de créer ces chapeaux pour les femmes  suivant une chimiothérapie ?

C’est le hasard des rencontres qui a fait naitre la chapoteuse. Je faisais des chapeaux, et 1 puis 2 puis 3 femmes m’ont contactée car elles ne trouvaient rien qui leur convenait. J’ai donc répondu à ces demandes. Ensemble, nous avons cherché les formes, les matières qui convenaient le mieux.

Chaque cliente est unique, et chacune a ses exigences. J’essaie d’y répondre au mieux, c’est pourquoi je travaille à la demande. J’aime les défis que me lancent parfois certaines femmes :

« du rose dragée au mois de janvier »,

« du marron chocolat et rien d’autre en plein mois d’Août », »

 un chapeau tombant mais pas trop »,

« un foulard mais sans manipulation »…

Ainsi naissent parfois des modèles uniques, parfois de nouveaux modèles…

C’est comme cela que je me suis lancée, et c’est pour cela que je continue : pour la richesse des rencontres (même virtuelles !) Je n’ai pas eu l’idée de le faire, les clientes sont venues me chercher…

 Est-ce une activité très concurrentielle ou au contraire, peu développée pour le moment ?

Je suis plus sensible à la création et au fait d’être utile qu’à la gestion d’entreprise ! Je n’ai pas fais de véritable étude de marché (ce qui n’est pas bien du tout !)

Si je me réfère aux retours de mes clientes et de leur entourage, il semble très difficile de trouver des chapeaux adaptés, et plus encore des modèles que l’on a du plaisir à porter.  Je reçois régulièrement des messages d’encouragement de personnes qui ne commandent pas, mais qui auraient été heureuses de me connaître avant, pour elles même, ou pour une femme de leur entourage… Cela confirme que cette activité est peu concurrentielle.

Il existe des sites de vente en ligne, mais ils proposent des chapeaux fabriqués en série. Je ne crois pas que l’on soit nombreuses à proposer des modèles uniques, et encore moins nombreuses à être aussi spécialisées !

La concurrence existe donc, mais les produits et les services que je propose sont presque uniques !

Pourquoi faut-il acheter vos modèles ?

Parce qu’ils sont uniques, confortables, et parce que j’y mets mon savoir-faire et  du cœur à l’ouvrage ! Je travaille avec passion, aussi bien dans la création que dans les rencontres avec les clientes.

Mon entreprise en est encore à ses balbutiements, j’ai donc souvent des périodes de doutes. Ainsi, à chaque fois que quelqu’un s’intéresse à mon activité, cela me pousse à continuer, à croire en mon projet. Alors, merci à vous, Alexandra de m’avoir consacré du temps !

 Tifenn, merci pour vos réponses et encore bravo pour votre activité.  Apporter une touche colorée là où il n’y en a pas, c’est très émouvant.

J’invite les lecteurs à partager la page de la chapoteuse du petit paradis, parce que le cancer détruit tout et qu’une touche de lumière ne peut que faire un peu de bien aux malades…

 

1 Comment

  1. Merci d’avoir pris le temps de cet interivew… ma première! Me voici toute fière!